L’athlète catalan de 35 ans, très impliqué avec sa fondation pour sensibiliser à la lutte contre la pollution, lance pour la troisième année consécutive un concours de ramassage de déchets. Objectif : dépasser les 10 tonnes retirées des chemins l’an passé.

Sportif de très haut niveau, il est spécialiste d’ultra-trail, de ski-alpinisme et de ce qu’on appelle la course verticale, discipline dans laquelle il est multiple champion du monde. À 35 ans, l’espagnol Kilian Jornet est considéré comme le plus grand champion de course en montagne de tous les temps. Mais s’il fait parler de lui cette semaine, ce n’est pas pour un nouveau record, mais parce qu’il lance le mois du « plogging » : jusqu’au 30 avril, il invite tous ses abonnés sur Instagram – 1,4 million de personnes – à organiser des plogging, c’est-à-dire des courses lors desquelles en plus de courir, on ramasse les déchets que l’on croise sur son chemin.

Le monde du sport, créateur de déchets

Le concept est suédois, »Plogga », et le principe proposé par Kilian Jornet est simple : prendre une photo de son butin, puis la poster sur les réseaux sociaux en précisant le nombre de kilos ramassés. Et ainsi espérer sensibiliser un maximum d’internautes à l’importance de combattre la production exponentielle de déchets. C’est la troisième fois que le sportif organise ce concours annuel de ramassage de déchets. L’an passé, dix tonnes de détritus ont été enlevées des chemins à l’occasion de ce mois du « plogging », et il espère faire mieux en 2023. Parce que dix tonnes, c’est finalement très peu par rapport aux deux milliards de tonnes de déchets produits chaque année dans le monde.

L’athlète s’en est rendu compte en 2020 quand, en voulant gravir l’Everest, il s’est retrouvé au pied d’un Himalaya jonché d’ordures, des rebuts de tentes, de cordes, de contenants alimentaires, des plastiques essentiellement, abandonnés là par des vagues continues de touristes. Avec des amis alpinistes, Kilian Jornet a donc décidé de tout ramasser, et surtout de commencer à interpeller les autres randonneurs sur leurs pratiques. Il a créé sa fondation et multiplie les prises de parole pour expliquer comment voyager léger, avec le moins d’objets jetables possibles, et garder tous les emballages incontournables pour les jeter chez soi, en rentrant.

Sur le site de sa fondation, il insiste sur le fait que c’est capital, non pas pour des raisons esthétiques, mais pour ne pas polluer les sols et les rivières. Et toutes les courses sont concernées, y compris les 10 kilomètres, semis et autres marathons lors desquels les organisateurs distribuent un nombre considérable de goodies (cadeaux) qui ne sont rien d’autre que des déchets en puissance : sacs, t-shirts, médailles souvenirs, échantillons de produits énergétiques. Bref, ce que pointe Kilian Jornet, c’est que le monde du sport est un créateur de déchets, mais que ce n’est pas une fatalité, que la clé est dans le changement des pratiques. Il suffit juste d’en faire, un peu comme l’Everest, un défi excitant à relever.