Coupe Davis 2022 : pourquoi la nouvelle formule ne fonctionne toujours pas ?

La phase de groupes de la Coupe Davis se déroule dans plusieurs pays, la France étant basée à Hambourg avec l’Allemagne, la Belgique, et l’Australie.

Comment passer d’une emblématique compétition qui enflamme des stades entiers à un petit tournoi qui se dispute dans l’anonymat le plus total ? Ce n’est pas seulement à cause de l’annonce brutale de Roger Federer, à la retraite depuis ce jeudi 15 septembre . En 2019, le format de la Coupe Davis a complètement changé avec l’arrivée d’un nouvel exploitant, la société Kosmos, propriété du footballeur Gerard Piqué. Objectif, faire venir les meilleurs joueurs du monde et rendre plus télégénique la compétition en vue de la développer.

Trois ans plus tard, et alors que la France dispute en ce moment même sa phase de groupes en Allemagne , le constat est amer. « Aujourd’hui, la Coupe Davis ne représente absolument plus rien, c’est pathétique » s’agace Arnaud Clément, finaliste de la Coupe Davis avec les Bleus en 2010, quand on lui demande son avis sur la situation actuelle. Franceinfo: sport s’est donc penché sur la question de savoir pourquoi cette nouvelle formule ne fonctionne toujours pas.

Parce qu’elle n’a pas tenu son pari à faire revenir les meilleurs joueurs du monde

C’était l’objectif majeur pour appâter l’ITF : la Coupe Davis ne devrait pas se disputer sans ses meilleurs ambassadeurs. Comprendre ici, sans le trio légendaire Federer-Nadal-Djokovic et sans la nouvelle génération hyper ambitieuse représentée par Daniil Medvedev, Stefanos Tsitsipas ou encore Alexander Zverev, entre autres. Trois ans après, aucun de ces six hommes, pour ne citer qu’eux, ne participe actuellement à la phase de groupes de la Coupe Davis.

Si la retraite de l’un, et les blessures des autres, peuvent justifier cette situation, seuls sept membres du top 20 mondial actuel disputent la compétition. Pour Lionel Maltese, spécialiste dans le marketing du sport, il faudrait trouver de « vrais financements pour débloquer un prize money important parce que c’est faux, les joueurs ne viennent pas jouer seulement pour leur nation« .

Cela s’explique surtout par des choix à faire dans un calendrier déjà surchargé. Encore plus pour des joueurs qui se rapprochent des 40 ans. « C’est mathématique dans le tennis, si un joueur dépasse un certain nombre de matchs dans la saison, il se blesse, affirme celui qui est également organisateur de l’Open 13 de Marseille. Ils ne veulent donc pas se mettre dans le rouge avec cette Coupe Davis parce que leur priorité, et c’est légitime, reste les tournois du Grand Chelem et les Masters 1000. »

Parce que le public ne s’y reconnaît plus

« Dans le sport, on ne peut pas oublier les fans, et avec cette nouvelle Coupe Davis, on n’a rien eu à faire de leur avis, estime Arnaud Clément. C’est triste, mais c’est pour ça aussi que les meilleurs joueurs ne viennent plus. Jouer dans un stade Pierre-Mauroy rempli, devant 27 000 personnes, ou même à l’extérieur dans des petites salles en fusion pleines à craquer, c’est ça également qu’un sportif recherche.« 

Sauf qu’aujourd’hui, les salles, en Allemagne, en Ecosse, en Espagne ou même en Italie, sont vides. Au mieux, quelques centaines assistent aux matchs de leurs nations respectives. Les horaires, en pleine semaine, et les affiches, peu attractives, expliquent cet abandon de poste massif. « Le fait que la compétition ne soit pas la même chaque année et qu’il y ait une incompréhension autour de son organisation, c’est complexe pour le consommateur, explique Maltese. Dans tous les cas, la marque, que ça soit Coupe Davis ou pas Coupe Davis, on ne comprend plus trop ce que c’est. »

Un sentiment partagé par Arnaud Clément : « On ne comprend rien, parce que le format est incompréhensible. La France jouait contre l’Allemagne, et même chez eux à Hambourg, il n’y avait pas plus de 1000 personnes en tribunes. Pour moi, la Coupe Davis est très importante, c’est dans le sang.

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